Cette recette intitulée “ la tarte aux cerises de supermarché ” a été écrite par Claude Bourguignon. On ne le présente plus comme ingénieur agronome, grand spécialiste avec sa femme, de la microbiologie des sols. Il dénonce depuis des années l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques. Ceux-ci tuent les sols en éliminant tout ce qui fait la qualité d’une bonne terre fertile, les populations microbiennes, les vers de terre, les acariens de toutes sortes, les champignons etc.
Avec sa femme Lydia Gabucci-Bourguignon, maître es sciences, ils fondent en 1989 Le LAMS (Laboratoire d’analyse microbiologique des sols) qui analyse sur le plan physique chimique et biologique les sols agricoles, viticoles afin d’aider les agriculteurs ou leurs gestionnaires à obtenir de meilleurs rendements, par une meilleure connaissance et prise en compte du fonctionnement des sols.
Bonne lecture…
“Voici, la liste des produits chimiques utilisés pour la fabrication d’une tarte aux cerises de supermarché, depuis le champ de blé jusqu’à l’usine agroalimentaire. Bon appétit !
Histoire de la pâte :
Pour obtenir la farine, les grains de blé ont été enrobés d’un fongicide avant semis. Pendant sa culture, le blé a reçu de 2 à 6 traitements de pesticides selon les années, 1 traitement aux hormones pour raccourcir les tiges afin d’éviter la verse et 1 dose importante d’engrais : 240 kg d’azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l’hectare, tout de même !
Le blé moissonné, dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone et au bisulfide de carbone, puis arrosés au chlopyriphosméthyl. Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyl, puis de l’acide ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l’amylase.
Ensuite, il faut faire lever la pâte. La poudre levante est traitée au silicate de calcium et l’amidon est blanchi au permanganate de potassium. Pas de pâte sans corps gras. Ceux-ci reçoivent un antioxydant (pour éviter le rancissement) comme l’hydroxytoluène de butyl et un émulsifiant type lécithine.
Histoire de la crème :
La crème sur laquelle vont reposer les cerises se fait avec des œufs, du lait, et même de l’huile. Les œufs proviennent d’un élevage industriel où les poules sont nourries avec des granulés contenant des :
- antioxydants (E300 à E311)
- arômes
- émulsifiants: alginate de calcium
- conservateurs : acide formique
- colorants : capsanthéine
- agents liants : lignosulfate
- et enfin des appétants : glutamate de sodium, pour qu’elles puissent avaler tout ça
Elles reçoivent aussi des antibiotiques, bien entendu, et surtout des anticoccidiens. Les oeufs, avant séchage, reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l’acide cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.
Le lait provient d’un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques :
- antibiotiques : flavophospholipol (F712) ou monensin-sodium (F714)
- antioxydants : ascorbate de sodium (F301), alphatocophérol de synthèse (F307), buthyl-hydrox-toluène (F321) ou éthoxyquine (E324)
- émulsifiants : alginate de propylène-glycol (F405) ou polyéthylène glycol (F496)
- conservateurs : acide acétique, acide tartrique (E334), acide propionique (F280) et ses dérivés (F281 à E284)
- composés azotés chimiques : urée (F801) ou diurédo-isobutane (F803)
- agents liants : stéarate de sodium
- colorants : F131 ou F142
- et enfin des appétants pour que les vaches puissent manger tout ça, comme le glutamate de sodium.
Les huiles, quant à elles, ont été :
- extraites par des solvants comme l’acétone
- puis raffinées par action de l’acide sulfurique
- puis lavage à chaud
- neutralisées à la lessive de soude
- décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium
- et désodorisées à 160°C avec du chlorure de zinc
- Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine
La crème de la tarte, une fois fabriquée, reçoit des arômes et des stabilisants comme l’acide alginique (E400).
Histoire des cerises :
(Complété d’après des éléments de « Aromathérapie » Jean Valnet 1990, Maloine). Les cerisiers ont reçu pendant la saison entre 10 et 40 traitements de pesticides selon les années.
Les cerises sont :
- décolorées à l’anhydride sulfureux
- recolorées de façon uniforme à l’acide carminique ou à l’érythrosine
- elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d’aluminium
- et à la sortie, reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium (E202)
Elles sont enfin enduites d’un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu leur bonne dose d’engrais et de pesticides. Ce sucre est extrait par :
- défécation à la chaux et à l’anhydride sulfureux
- puis décoloré au sulfoxylate de sodium
- raffiné au norite et à l’alcool isopropylique
- Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique
Par ces traitements, les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est nécessaire d’ajouter un parfum artificiel alimentaire.
Ce parfum est une recréation synthétique du goût et de l’odeur à partir d’éléments artificiels issus de la chimie du pétrole aux prix de revient extrêmement faibles par économie d’échelle en comparaison du parfum naturel de fruit.
L’exemple développé est ici la cerise, mais de tels composés servent à recréer aussi bien des parfums artificiels de fraise, d’ananas, de framboise, de miel, de caramel, de muguet..etc.
Le parfum artificiel de cerise se compose donc des molécules synthétiques (donc à la stéréochimie inversée) suivantes :
- acétate d’ethyle
- acéthyl méthylcarbinol
- butyrate d’isoamyle
- caproate d’ethyle
- caprylate d’isoamyle
- caprate d’éthyle
- butyrate de terpenyle
- geraniol
- butyrate de geranyl
- acetylacetate d’éthyle
- heptanoate d’éthyle
- aldéhyde benzoique
- aldéhyde p-toluique
- vanilline
- essence artificielle d’amande amère SAP
- essence artificielle de girofle Bourbon
- essence artificielle de cannelle Ceylan
- essence de lie de vin.
BON APPÉTIT !!! ;o)”